JOUR 1 L'approche Une seule Santé : Implantation, évaluation et gouvernance
Le concept Une seule santé (One Health) prend son origine dès le 19e siècle lorsque Sir Osler et Dr. Virchow commencèrent à bâtir des ponts entre la santé animale et humaine. Depuis, l’approche est de plus en plus encouragée dans un monde où, entre autres, les ressources naturelles, les comportements, l’agriculture, les migrations tant humaines qu’animales changent constamment dû aux transformations auxquelles font face nos sociétés et la planète. D’un autre côté, la définition même de cette approche demeure floue pour plusieurs, incluant ceux travaillant à l’interface humain-animal-environnement. De plus, sa mise en oeuvre demeure difficile tant au niveau local que national ou même, dans certains cas, international et les aspects de gouvernance demeurent difficiles à cerner.
Lors de cette plénière, trois experts d’organismes internationaux et nationaux discuteront de leur expérience tant au niveau local qu’international pour mettre en place des programmes Une seule santé afin de contrôler les maladies zoonotiques. Ils aborderont également les défis de gouvernance inter-agence, interministériel et interdisciplinaire qu’une telle approche doit surmonter afin d’être efficace pour améliorer la santé de tous.
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Dre Anne Perrocheau
Organisation mondiale de la Santé - OMS (Genève, Suisse)
Dre Anne Perrocheau a commencé sa carrière de médecin avec Médecins sans frontières en Afrique et en Asie avant d’aller étudier les biostatistiques et l’épidémiologie aux États-Unis. Par la suite, elle a intégré Santé Publique France où elle a coordonné le contrôle des méningites bactériennes : surveillance, réponse aux alertes, stratégies vaccinales. Devenue consultante indépendante, elle a dirigé des missions pour les organisations nationales et internationales pour l’analyse des épidémies complexes, l’évaluation des réponses, la certification d’éradication du Ver de Guinée, entre autres. Elle a élaboré des systèmes de surveillance supranationaux, en Europe et dans l’Océan Indien, dont le réseau SEGA One Health, un des premiers systèmes d’alerte intégrant l’approche Une seule santé. En 2016, elle rejoint l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) où elle dirige le projet « WHO Outbreak Toolkit ».
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Dre Katinka de Balogh
Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture - FAO (Bangkok, Thaïlande)
Dre Katinka de Balogh est née aux Pays-Bas et a grandi en Amérique latine. Elle a étudié la médecine vétérinaire en Allemagne et a fait son doctorat en parasitologie tropicale et des spécialisations en maladies tropicales et en santé publique vétérinaire en France et aux Pays-Bas. Elle a enseigné dans les facultés de médecine vétérinaire de Zambie, du Mozambique et des Pays-Bas et a travaillé, dans l'unité de santé publique vétérinaire, à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Genève. Depuis 2002, elle travaille pour l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), initialement à son siège à Rome, en Italie, et à partir de janvier 2016 en tant que responsable principale de la santé et de la production animale au bureau régional de la FAO pour l'Asie et le Pacifique basé à Bangkok, Thaïlande. Actuellement, elle est aussi le point focal de la FAO pour la collaboration dans la région en matière de résistance aux antimicrobiens, de rage, du concept Une seule santé et de coordination tripartite FAO/OIE/OMS.
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Dr Pascal Michel
Agence de santé publique du Canada (Ottawa, Canada)
Dr Pascal Michel est diplômé en médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, en médecine vétérinaire préventive de l’University of California et en épidémiologie de l’Université de Guelph. Il a occupé plusieurs fonctions au sein de l’appareil gouvernemental fédéral à titre d’épidémiologiste principal, de directeur de la Division des sciences des risques pour la santé publique, au Laboratoire national de microbiologie (LNM), ainsi que de conseiller scientifique principal au sous-ministre adjoint de la Direction générale de la prévention et du contrôle des maladies infectieuses de l’Agence de santé publique du Canada. Actuellement, il est conseiller scientifique en chef de l’Agence. Il a également travaillé dans le milieu universitaire, publié de nombreux documents scientifiques et établi des liens de collaboration nationaux et internationaux. Fondateur du Centre multisectoriel de recherche sur les zoonoses et les décisions scientifiques, il a bâti des relations durables aux Nations-Unies au niveau de la technologie spatiale et de l’amélioration de la santé mondiale.
JOUR 2 Épidémiologie et santé publique : frontières technologiques et éthiques
On connait aujourd’hui l’arrivée de plus en plus rapide et massive de données complexes pour lesquelles la capacité humaine de gestion et d’utilisation est limitée. Pour faire face à cette situation, une nouvelle discipline nommée Science des données s’est développée. L’applicabilité d’une telle discipline dans le domaine de la santé publique est déjà envisagée pour l’élaboration de politiques, de programmes de surveillance et pour orienter des interventions plus ciblées. Par ailleurs, l’ingénierie génétique a ouvert une nouvelle frontière avec la technique de modification du génome nommée Crispr-Cas9, laquelle permettrait de détecter précocement et à des coûts très faibles des fragments de virus à ARN. Son utilisation pour le diagnostic clinique, la surveillance ou le contrôle d’éclosions est prometteuse. Cependant, ces nouvelles avenues posent à la communauté scientifique des défis dont la propriété, le partage, l’applicabilité et l’accessibilité des données et constituent des enjeux éthiques à confronter entre les secteur public et privé.
Dans cette plénière deux conférencières de renom donneront leurs éclairages sur ce thème d’actualité et d’intérêt en épidémiologie et en santé publique.
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Dre Aurélie Labbe
École des hautes études commerciales - HEC (Montréal, Canada), Université McGill (Montréal, Canada)
Dre Aurélie Labbe, statisticienne spécialisée dans l’analyse des données massives ou méga données (big data), est professeure titulaire au Département de sciences de la décision de HEC Montréal, puis titulaire de la Chaire du Fonds de recherche du Québec et de l’Institut de valorisation des données. Son portfolio de recherche, en tant que chercheuse principale, comporte plusieurs projets financés notamment par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) et les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). À partir d’exemples, Dre Labbe présentera le développement de la science des données et son utilisation en épidémiologie et en santé publique. Suivra une discussion sur les enjeux éthiques auxquels se confronte cette nouvelle discipline.
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Dre Anne Cambon-Thomsen
Centre national de la recherche scientifique, Université Toulouse III - Paul Sabatier (Toulouse, France)
Dre Anne Cambon-Thomsen est diplômée en médecine, biologie humaine (immuno-hématologie), statistiques médicales et éthique de la santé. Elle est directrice de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ses travaux sont menés à Toulouse (France) au sein de l’unité mixte d’épidémiologie et analyses en santé publique (UMR 1027), au sein de l’équipe "Trajectoires d'innovations en santé : enjeux bioéthiques et impacts en santé publique", Inserm-Université Toulouse III - Paul Sabatier. Elle est membre du groupe européen d’éthique des sciences et des nouvelles technologies ainsi que copilote d’un groupe de travail du plan français de médecine génomique. Dre Cambon-Thomsen présentera et discutera le thème sur les enjeux éthiques des nouvelles technologies dont les aspects financiers risquent de freiner l’utilisation d’outils innovateurs (comme Crispr-Cas9) particulièrement dans les pays en développement.
JOUR 3 Face aux menaces émergentes : la place de l'épidémiologie d'intervention
Face aux menaces de santé publique émergentes et ré-émergentes de portée internationale, les systèmes de santé publique sont fortement mis à l’épreuve dans des pays à faible revenu. Ce fut le cas des pays d’Afrique de l’Ouest, à la suite de la flambée de maladies à virus Ebola de 2014-2016. Les évaluations externes conjointes réalisées récemment par les pays ouest-africains, avec l’appui de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), autour de leurs «capacités principales» pour la mise en œuvre du Règlement sanitaire international (RSI), ont aussi montré l’insuffisance de la disponibilité des ressources humaines adéquatement formées en épidémiologie d’intervention et en mesure de contribuer à la détection opportune des menaces de santé publique. Ces pays mettent tous en œuvre la Surveillance intégrée des maladies et la riposte (SIMR), stratégie introduite à la fin des années 1990, non sans défis. La formation basée sur les compétences et le renforcement des fonctions d’appui du système de surveillance ne peut que bénéficier de la mise en œuvre de la SIMR. La formation continue en épidémiologie de terrain est reconnue également comme stratégie efficace pour contribuer au renforcement de systèmes de surveillance en santé publique. Dans ce contexte en pleine évolution, les enjeux de santé publique sont nombreux.
La plénière proposée vise à réunir des experts impliqués tant dans les efforts de renforcement des capacités et des systèmes de surveillance que dans la mise en application de ces capacités (riposte), pour un échange constructif autour de ces enjeux.
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Dre Magda Robalo Correia e Silva
Ministère de la Santé Publique (Guinée-Bissau)
Dre Magda Robalo Correia e Silva est présentement Directrice générale de "Women in Global Health". Médecin et experte en santé publique, elle a 30 ans d’expérience professionnelle, développée à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), au Plan International, à l’UNICEF et au sein du gouvernement de son pays. Sa longue expérience inclut le travail avec des organisations de base, le milieu universitaire, les autorités de santé nationales, des organisations non gouvernementales ainsi qu’avec des bailleurs, dans les domaines suivants : l’amélioration de la santé des mères et des enfants, la santé et les droits sexuels et reproductifs, la lutte contre les maladies transmissibles, la préparation, prévention et la riposte aux épidémies et le renforcement des systèmes de santé. Son engagement pour l’égalité de genre est transcontinental, et elle est membre fondatrice de l’Initiative Lusophone des Femmes Leaders en Santé Mondiale. Dre Robalo est également professeure adjointe associée à la Faculté de médecine de l’Université de Griffith en Australie.
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Dr Joseph Catraye
Bureau d’Appui en Santé Publique’96 (Bénin, Burkina Faso)
Dr Joseph Catraye est médecin-épidémiologiste, diplômé de l’Université Laval (Canada), chevalier de l’Ordre national du Burkina Faso. Dr Catraye dispose d’une trentaine d’années d’expérience. Il a travaillé avec plusieurs institutions de nombreux pays (agences des Nations Unies, organisations non gouvernementales (ONG), ministères de la Santé). Ses domaines d'expertise incluent la surveillance épidémiologique, le suivi et l'évaluation de projets de santé, le VIH/sida, et le Financement basé sur les Résultats (FBR). Ayant successivement servi comme médecin chef de district et chef du service de lutte contre les épidémies du Ministère de la Santé du Bénin, il a créé, en 1996, le Bureau d’Appui en Santé Publique’96 (BASP’96) au Benin et au Burkina Faso. Pendant plusieurs années, il a mis en œuvre le Projet d’appui à la surveillance épidémiologique (PASE-PASEi) en Afrique de l’Ouest, puis coordonné le Dispositif d’Appui technique (DAT) contre le SIDA de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en Afrique de l’Ouest et du Centre.
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Dr Yv Bonnier Viger
Direction de la santé publique de la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, Centre intégré de santé et des services sociaux de la Gaspésie (Québec, Canada)
Dr Yv Bonnier Viger est médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive. Il a aussi complété des études en mathématiques, en épidémiologie et en gestion. Il a travaillé au Pérou, en Guinée-Bissau, au Burkina-Faso, en Côte-d’Ivoire, au Rwanda, au Burundi et en Iiyiyuu Aschii. Il est présentement Directeur régional de santé publique de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et Professeur au département de médecine sociale et préventive de la Faculté de médecine de l’Université Laval.